Philanthropie et Grande Guerre : la "french amnesia" - Réponse à un lecteur
Un lecteur, Nicolas, nous dit ceci :
"Votre analyse est généreuse, mais en même temps navrante. vous semblez fonctionner selon le mode " si c'est pas sur internet, ça n'existe pas". Et si c'était les moteurs de recherche et les sites qui étaient mal paramétrés et organisés? Sans compter qu'ong est un affreux néologisme qui n'existait pas il y a 20 ou 30 ans. Personnellement, je suis historien, j'ai toujours trouvé tout ce que je voulais sur ces sujets, y compris quand internet n'existait pas!"
Francisco RUBIO répond :
Cher lecteur,
Tout d’abord merci pour prendre le temps de lire les articles que je publie sur ce blog. L’ambition de ce blog est de promouvoir un aspect oublié de la Grande Guerre : la philanthropie. Vous me dites, Cher lecteur, que mon analyse est généreuse et en même temps navrante car je semble fonctionner comme si ce qui n’est pas sur internet n’existait pas, d’une part et d’autre part que le sigle ONG est un « affreux néologisme » qui n’existait pas il y a 20 ou 30 ans.
Reprenons tout cela et d’abord le néologisme ONG. Le terme ONG apparaît pour la première fois à l’article 71 de la Charte des Nations unies signée à San Francisco le 26 juin 1945, soit il y a pratiquement soixante-dix ans. Pendant longtemps les termes en usage étaient associations internationales ou transnationales. J’utilise ce sigle pour simplifier les choses et effectivement il n’existait pas lors de la Première Guerre mondiale mais les associations internationales existaient.
Disons tout de suite qu’il n’y a aucune définition universelle pour qualifier les associations internationales. Voilà au moins un point de clarifié.
Maintenant la philanthropie. Je vous laisse rechercher, Cher lecteur, dans l’abondante littérature présente en librairie, les ouvrages consacrées à la philanthropie et la Grande Guerre et si vous pouvez me communiquer les références vous ferez de moi un homme heureux. Si je m’en tiens maintenant au document officiel de l’état français à savoir le rapport sur la commémoration, là aussi et sauf erreur de ma part je ne trouve pas la moindre allusion à la philanthropie. Merci de me corriger si je me trompe. Alors pourquoi cette « French Amnesia » alors que les publications anglaises et américaines sur cette question sont nombreuses. Et aussi Belge.
Pour ma part je suis convaincu que cette amnésie est politique avec bien évidemment des conséquences sur la recherche en histoire. En France, la philanthropie à mauvaise presse car elle oppose l’état au citoyen ou aux citoyens. Comment des citoyens peuvent-ils décider de l’intérêt général ou de ce qui leur paraît être l’intérêt général. Selon le mot de Monsieur Jospin, alors Premier ministre, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la loi du 1er juillet 1901 ; "Seul l'Etat incarne l'intérêt général". 14 ans après j’attends toujours que l’on me donne une définition de l’intérêt général. Mais c’est un détail. Une question : pourquoi Tocqueville est-il lu et relu aux Etats-Unis par les étudiants dans les universités et superbement ignoré ou quasiment dans notre élite normalienne ?
Alors je suis très heureux de votre commentaire car je vois que les choses commencent à bouger. J’ai le plaisir de vous annoncer qu’un colloque international à mon initiative sur ce thème aura lieu en 2017 en France. Je m’apprête également à faire paraître un ouvrage sur cette question. Le débat est lancé car je crois qu’effectivement la philanthropie a joué un rôle important tant à la fois économiquement que militairement et socialement.
Francisco RUBIO